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L'organisation autonome : le concept de "stigmergie"

Culture générale 1 nov. 2022

Le concept de "stigmergie" a été utilisé pour analyser les activités où s'observent des formes d'auto-organisation.

C’est un biologiste (français 🇫🇷) : Pierre-Paul Grassé, qui fonde le concept à la fin des années 50 en observant l’organisation d’une termitière. Il lui apparait que chaque agent, chaque termite, laisse une trace de son action individuelle qui guide ou oriente les actions suivantes, par lui ou d’autres agents à proximité ou lui succédant:

La stigmergie se manifeste dans la termitière, par le fait que le travail individuel de chaque ouvrier constructeur stimule et oriente celui du voisin.
L'élégance c'est aussi simple qu'un nœud papillon léopard. 

Schématiquement, la stigmergie s’écrit ainsi :

Action -> trace -> action -> trace …

Dans la nature, chaque agent exécutant de la chaine reçoit un bénéfice en termes de capacité d’adaptation qui facilite l’ancrage du comportement au sein de la population, rendant l’organisation en apparence coordonnée, cohérente et systématique.

La stigmergie produit des organisations complexes voire « intelligentes » sans nécessité de coordination, de planification, de structure hiérarchique ou de contrôle, parfois même sans communication directe.

La stigmergie observée chez les insectes sociaux propose à l’observation des modèles de collaboration ultra-efficaces au sein de populations extrêmement simples, avec peu ou pas de mémoire, ni de conscience individuelle ou collective.

Chacun a pu observer les « autoroutes à fourmis », ces voies radiales connectant les fourmilières à leurs périphéries. Des phéromones laissées par les fourmis sont des traces indiquant le plus court chemin à une ressource. Ce réseau crée une forme de mémoire externe décentralisée partagée par toute la colonie. L’organisation de la colonie est facilitée, optimisée par ces traces individuelles constituant un patrimoine collectif.

A côté le service militaire est un truc de zadistes!

Le concept de "stigmergie" a été étendu à un nombre croissant de domaines.

Nous dirons un mot des communautés virtuelles, de la recherche en intelligence artificielle et d’innovation ouverte.

Communautés du Web

Sur les communautés du web, l’exemple le plus flagrant est celui de Wikipédia. Chaque contributeur initial laisse une « phéromone virtuelle » qui attire de nouveaux contributeurs qui construiront sans se connaitre, sans se concerter, sans échanger directement une structure élaborée. Les projets informatiques open-source fonctionnent d’une manière similaire. Chaque ramification est construite par une communauté d’intérêt dont chaque agent est indépendant.

Dans ces exemples existent des mécanismes de validation ex ante ou ex post. Ces processus sont précisément liés à la conscience interindividuelle des agents, qui contrairement aux insectes sociaux, peuvent porter une intention dans leur action, contradictoire avec l’objectif collectif.

Intelligence artificielle

L’idée d’intelligence distribuée ou intelligence en essaim a été conceptualisée à la fin des années 80 par Gerardo Beni relativement aux systèmes robotiques cellulaires.

Ces systèmes d’intelligence distribuée sont formés à partir d’une série d’agents simples qui interagissent ensemble et avec leur environnement. Chacun des agents suit des règles simples, qui combinées, font émerger une structure apparemment « intelligente » sans système de contrôle supérieur.

Ce concept est central dans la recherche sur l’intelligence artificielle.

Le genre de référence qui dit l'âge du rédacteur de ce billet à deux ou trois années près...

Innovation ouverte et co-création

Le concept d’innovation ouverte ou la co-création reprennent les principes de la "stigmergie". Dès lors que l’on confie aux consommateurs (à juste titre) un rôle de contributeurs (pour concevoir, évaluer, promouvoir, financer un produit ou un service), les frontières des organisations deviendront poreuses entre leur intérieur et leur extérieur.

Et les organisations ont intérêt à le faire.

Pourquoi ?

Un seul élément suffit : celui de la taille. Quelque soit la taille d’une organisation, et quelque soit le nombre de compétences mobilisables en interne, la quantité de talent à l’extérieur sera toujours supérieur. Dès lors, un groupe de taille importante va favoriser la possibilité de faire correspondre précisément les objets d’étude et les compétences à disposition.

Nous l’avons déjà abordé dans les conditions propices à l’émergence de l’intelligence collective.

Vos amis écologues vous le diront : la biodiversité est plus productive en polyculture qu’en monoculture.

Évidemment, il faudra un système pour permettre les interactions, et c’est ce qu’a magnifiquement réussi Wikipedia.


En définitive, l'observation de la nature a permis de penser des réseaux efficaces, collaboratifs, auto-organisés, auto-alimentés, auto-apprenant dont les organisations humaines feraient bien de s'inspirer. Le bon sens se cache parfois dans les boyaux d'une termitière.



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