Démocratie participative: susciter l'intérêt de tous (pas seulement de l'opposition...)
Les consultations citoyennes souffrent de l’image d’Epinal qui veut que les réunions physiques ou à distance rassemblent systématiquement les mêmes personnes. D’un côté de la salle, les gens «pour» et de l’autre les gens «contre», qu’importe que la question soit relative au bouturage des pâquerettes ou à l’installation du tramway en centre-ville.
Chacun connait l’adage qui dit que dans un référendum:
Les gens ne répondent pas à la question qu'on leur pose. Ils donnent leur adhésion ou la refusent à celui qui la pose.
Comme dans toute caricature, une part de vraie impose qu’on s’intéresse aux causes.
Relevons d’abord un paradoxe, en consultant un sondage de 2021 (1) relatif à la démocratie participative :
83% des sondés sont d’accord avec l’assertion suivante :
On devrait en faire plus, les citoyens ont à apporter à la vie publique
72% des sondés trouvent important :
L’engagement des candidats à l’élection présidentielle en matière de démocratie participative
Aussi, les citoyens revendiquent-ils leur volonté de participer au débat démocratique.
Comment expliquer dès lors la relative désaffection des processus consultatifs (réunions, invitations aux conseils, consultations en ligne…) par les citoyens « neutres » qui, pour schématiser, ne sont affiliés ni à la majorité ni à l’opposition ?
- La démocratie participative n’est pas une fin en soi.
Quitte à enfoncer une porte ouverte, faisons-le avec élégance : tous les citoyens ne se sentent pas concernés par tous les sujets. Aussi, malgré l’affection de principe que l’on peut avoir pour le principe de démocratie participative, la motivation des personnes à participer dépend de leur proximité aux sujets, aux propos, aux thèmes de la consultation. Un exemple rapporté récemment chez Quaeso illustre la question.
Une commune avait sollicité l’avis des résidents sur l’installation d’une antenne 5G (à 5kms de la première maison mais sur un terrain communal). Toute la population a boudé la réunion, ne se sentant ni concerné ni légitime, à l’exception des habitués de ce genre de RDV…
2. La communication afférente aux initiatives doit être ciblée.
De ce qui précède découle une autre piste de réflexion. La communication afférente aux initiatives de consultation participative doit cibler toute la population, mais sans doute un effort particulier doit il être concédé pour les parties de la population chez qui la préoccupation paraitra la plus importante. Lors d’une réflexion sur un projet d’infrastructures par exemple, les populations avoisinantes du site concerné, feront l’objet d’un ciblage particulier. Si la réflexion est menée sur des questions afférentes à la vie scolaire ou au quartier des écoles, c’est vers les parents que la communication sera la plus intense.
En la matière, il faut être créatif et aller susciter l’intérêt du concitoyen. Pour cela, il serait malheureux de croire que les modes de communication traditionnels suffisent (tractage, journal local, site internet…).
3. La participation doit être facile, accessible (et si possible agréable)
Poursuivons le raisonnement avec une troisième piste : la participation doit consister en un effort minimal de la part des contributeurs. Des solutions légères, interactives, voir ludiques auront un effet immédiat sur la conversion des curieux en contributeurs. En ceci, l’outil numérique apporte un plus, qu’il soit ou non couplé avec une séquence physique en présentiel.
4. Le plus important pour la fin : la consultation doit être sincère pour être reproductible
Dans le même sondage qu’évoqué précédemment (1), 68% des sondés déclarent au sujet de la démocratie participative :
Cela ne sert à rien, on ne tient pas compte de nos avis.
Comme disait mon grand-père, on n’a pas deux fois l’occasion de faire une première bonne impression. Aussi, les règles de l’initiative doivent être claires pour que les citoyens puissent comprendre les choix conduisant à la sélection de telle ou telle proposition et à l’éviction de telle ou telle autre. Dès lors que l’idée aura infusée chez les concitoyens, que le micro leur est tendu pour la beauté du geste, alors la défection sera la conséquence naturelle de la déception. Mais la même question prise dans l'autre sens : la sincérité de la démarche sera le principal carburant de la contribution future.
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